Plaisir, pudeur et toilettes publiques, 70

SAINT LAURENT DU MARONI - - TATAOUINE - - GOOD BYE !

Dans l'ordre décroissant, non des enjeux comme disent les chroniqueurs hippiques, mais des plaisirs nécessaires, il y a: "faire l'amour" = baiser. "Faire l'amour", formule épaisse et cucu à souhait, susurrée par des gens qui se croient distingués, délicats et précis,
et emploient les mots "verge" pour "bite", "vagin" pour "con" et "rectum" pour trou du cul  ! Il y a "faire ses besoins" = chier. Faire son manger = bouffer.

Deux solitaires sur une plage - île déserte caraïbe, ou, à l'opposé, dans un paysage préhistorique alpin, face à la chaîne du Mont Blanc, glacé et indifférent. Baiser au soleil, un bonheur qui ne coûte rien.

Un bois ou son orée, la crête de la dune aux ajoncs agitées, la garrigue et ses thyms, la combe invisible dans la "profonde" (neige), la tête primitive et vide de soucis peut libérer son corps, tel le yogi ascétique rincé 100 fois de l'intérieur avec l'eau de "Mother Ganges", strates intestines insupportables enfin karchérisées..."...je suis tout léger, léger, et je chan-teu sur mon chemin! " (Accessoirement ces lieux choisis pour cette fonction naturelle peuvent très bien servir pour les plaisirs simples de la chair).

Loin derrière arrive la fonction ripaille. Horrible wagon de chemin de fer où flottent le saucisson à l'ail et l'oeuf dur du permissionnaire et du retraité à 50%; écoeurant le plateau-"Concorde" avec trop de homard, de caviar, de champagne, de tout; tolérons le souper fin fin de siècle aux chandelles théâtrales; mais non au pauvre étudiant pauvre qui, plus que seul, dans une chambre d'hôtel usée de la rue Claude Bernard, bouffe, à même la boîte, un cassoulet froid très vaguement toulousain, aux additifs redoutables. Quelle tristesse ! 

Alors qu'au Luxembourg, les enfants jouent et les jets d'eau gazouillent, et l'appellent. Quant à se mitonner des petits plats, quel ennui ridicule. "Garçon, l'addition, et pas de café ni de sucrette!"

J'ai dressé un plan de Paris du routard-chieur avec escales-goguenots peinardes: mairies, grands magasins, lavatories classés, écoles communales, ministères, "Crillon", "Ritz" et "Bristol", où l'on entre tranquillement, en client habitué: superbes cabinets de toilette géants aux montagnes de serviettes-éponges dodues mais enfilées sur un long cadenas, unfauchables quand même ! Rares métros aux fauteuils de cireur centenaires mais définitivement sans emploi, gares souvent suspectes, où l'Africaine encaisseuse ignore les hommes blessés. 

Méfions-nous des zinc tape-à-l'oeil pseudo-"peub" formikés, toutenfraisgénéraux, aux sous-sols "tout comme", en plaqué-marbre, aux cabinets puants où des rouleaux roses, jouxtant le balai merdeux, épongent doucement la vieille pisse, où des slips tristes de messieurs meurent lentement, déjà souillés. Ignorons les cerisettes chiottomatiques de Monsieur Decaux, cabinets diaboliques, pour crime parfait de claustrophobe.

Une porte cochère, un mur, un arbre bienvaillants, feront l'affaire pour une fois. Foin d'attentat à la pudeur !

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